Nuitée damnée, nuitée des condamnés. Tout n’est que tragédie lorsque la lune devient reine, lorsqu’elle se glisse sur son trône maudit fait de l’encre ténébreux du ciel. Impératrice dévorée par ses propres démons, ceux qui rugissent lorsque le divin soleil tire sa révérence. Mal qui la déchire, mal qui taille la sphère pour qu’elle ne soit plus qu’un croissant, plus qu’une ombre, plus rien. Parce qu’elle n’est que nostalgie la lune, parce qu’elle n’est que tristesse, les nébuleuses dorées ne sont que les enfants de sa peine, les larmes brûlantes qu’elle verse. Soirs après soirs elles se lancent dans le ballet empoisonné, soirs après soirs elles dansent autour de leur mère pour apaiser ses maux. Puis elles s’éteignent, dans un dernier soupir, un dernier râle le ciel étoilé cesse sa divine comédie nocturne usé d’avoir trop essayé. Puis l’espoir revient sculpter les sublimes courbes de la reine argentée, une envie d’y croire qui la rend pleine d’espérance,ultime et unique fois dans le mois où elle y croit. Gamine perdue dans la contemplation des astres. Gamine partageant les sombres sentiments de la reine des cieux. Opalescences qui doucement viennent se poser sur le papier glacé, sur le vestige de son passé. Photographie devenue prison de secrets enfermant son paternel. Celui qui ne la connaît pas, celui qui ne l’a jamais vu que là. Souriant. Insouciant. Inconscient que les fruits de son amour bafoué grandiront loin de lui, grandiront dans un monde où il sera bannis, grandiront dans un royaume qui lui sera étranger. Perle salée qui vient s’écraser sur les inscriptions griffonnées derrière. Éclat de diamant qui voudrait effacer les amers péchés.
Acapulco – 1993 – Juan Núñez
Uniques informations qu’elle possède la gamine. Uniques pistes qui pourrait l’entraîner vers une course folle. Une photographie, une ville, une année, un nom. Tout ce qu’elle sait de celui lui ayant offert son souffle de vie. Brunette qui demain matin défiera les cieux, brunette qui transcendera les formes cotonneuses pour atterrir sur les terres brûlantes du Mexique. Pour savoir qui elle est, pour savoir qui il est. Ultime soupir qui fend le silence avant que la douce fleur ne décide d’éclater le cocon de ses démons. Opales qui une dernière fois se perdant dans l’immensité des eaux foncées, parfait miroir reflétant l’enfer des astres, avant qu’elle ne rebrousse chemin. Sirène, devenues naufragée des terres infernales, étrangère à son propre monde, perdue dans les affres d’un destin s’étant imposé de force à elle. Elle se glisse dans l’habitable de sa voiture la gamine, frissonnant légèrement de la douce fraîcheur de la soirée. Première tentative pour démarrer. Échec. La seconde. Une vaine tentative. La dernière. L’implosion de son agacement. « Et merde ! » Imprudente gamine s’étant échappée bien trop loin chez elle, insolente qui est désormais coincée et loin d’être en sûreté. Endroit isolé où elle ne peut même pas envisager de téléphoner, endroit isolé qui était un abris devenu prison, là où elle pouvait laisser ses pensées vagabonder, simplement lâcher prise, se laisser aller. Écrin de liberté où elle regrette d’être aller. Princesse des ténèbres qui s’extirpe quelques secondes de la voiture, comme si une bouffée d’air frais aller l’aider, comme si la simple vue des astres qu’elle contemplait et qui désormais la nargue pouvait la sauver. « T’as besoin d’aide ma belle ? » Violent sursaut qui fait vibrer sa silhouette, alors que doucement une ombre se découpe dans son champ de vision. Homme que le halo argenté de la lune lui permet de voir. Presque un fantôme que l’obscurité aurait créé. Menace qui brusquement glace son sang, son instinct de survie qui s’échappe pour liquéfier ses membres, gamine devenue statue faite de marbre et de terreur, incapable de bouger, incapable de parler. Elle laisse juste ses orbes se glisser dans les siennes, elle n’y voit rien d’autre que cette animalité emprunte de luxure, elle ne contemple que les péchés et vices d’un homme dont elle n’aurait jamais du croiser le chemin. « Non, mon copain ne devrait pas tarder à arriver. » Elle bredouille des mensonges la gamine, qu’elle adoucit d’un sourire presque doux si la fausseté ne venait pas l’entacher. « Le voilà. » Ces bruits de pas qui transcendent le silence, cet homme qui rejoint la valse de la terreur. Brun au faciès inconnu, étranger à ses terres, étranger à son monde, étranger le temps d’un soir devenu le Clyde de la Bonnie solitaire. Pas rapide qui l’amène à lui, regards qui se croisent, qui se fracassent l’un contre l’autre. Cris et appels à l’aide qu’elle lui hurle dans le mutisme ambiant. Gamine imprudente qui l’observe avec des airs de biches apeurée, lionne devenue proie. « Bébé, je me demandais ce que tu faisais. » Main qu’elle glisse doucement contre son bras, alors que ses opalescences chocolatées ne sont que supplication. Lionne se jetant dans la gueule du loup.
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Sujet: Re: TRAGIC ENDINGS (carlia) Dim 31 Déc - 16:05
tragic endingsi'm no goodC’est le calme plat de la nuit qui m’accompagne jusque chez les Miller. Et j’ai pas envie d’y retourner, de retrouver cette chambre impersonnelle qui est désormais la mienne. Ni leur baraque trop grande pour moi, le mobilier trop moderne et l’écran plat ultra HD qui trône dans le salon. Mais j’ai pas tellement le choix. Je dois pas traîner, à cause de ce putain de couvre-feu. C’est quand même dingue d’avoir dépassé la majorité et d’être obligé de rentrer à une heure du matin au plus tard. Faut pas croire, j’ai déjà fait le mur plus d’une fois, comme un ado rebelle. De manière générale, j’essaye d’éviter les problèmes pour être libéré plus vite. Mais il faut pas trop m’en demander non plus.
Et si j’ai pris la poudre d’escampette ce soir, c’était pour retrouver Noah et Zach chez Greta. Un de nos rendez-vous entre mecs, posés, sans alcool et sans nanas. Des milkshakes et des discussions de mâles, rien d’autre. Parce que ça arrive qu’on soit calmes tous les trois. Ca fait quatre mois que je suis là, mais j’ai déjà pris mes marques à North Rock Springs et le diner de Greta est vite devenu incontournable. C’est un endroit aussi sympathique et rétro que sa propriétaire. On s’y sent chez soi. En rentrant, j’ai décidé de faire un détour par le lac. Mi familia me manque, et c’est compliqué d’être loin d’eux depuis si longtemps. Ca commence à sérieusement me peser. Alors je suis allé faire le vide, assis dans l’herbe gelée, avec pour seule compagnie la surface cristallisée d’Arrowhead Lake. Et puis je suis reparti, comme je suis arrivé. Parce que je suis de ceux qui ne restent jamais bien longtemps quelque part, décidément toujours en vadrouille, incapable de me fixer à un endroit. Comme si je cherchais quelque chose, sans réellement savoir quoi.
Je ne suis plus très loin de ma voiture, que j’ai garée un peu plus loin. Mais on dirait que je suis plus seul. Deux personnes, une homme, une femme. Une ambiance un peu étrange qui flotte dans les airs. Plus j’approche, plus les yeux de la brune, qui s’est retournée et me fixe comme si sa vie en dépendait, me transpercent. J’ai l’impression de l’avoir déjà croisée avant, mais pas moyen de replacer son visage. Je passe tout près d’elle, et elle m’interpelle. Mais je m’attendais pas à ce que ces mots sortent de sa bouche.
- Bébé, je me demandais ce que tu faisais.
Et j’allais répliquer brutalement, fidèle à mon caractère volcanique. Mais son bras s’accroche au mien, avec une hésitation que je suis le seul à percevoir. Y’a un truc qui tourne pas rond ici. Je toise le type qui lui tenait compagnie, les sourcils froncés. Puis y’a comme un déclic qui se fait, je réponds par automatisme, par réflexe.
- J’avais perdu mon portefeuille dans l’herbe.
Une excuse bidon, claro. Toute façon, je sais même pas pourquoi je fais ça. Je la connais même pas cette nana. Si ça se trouve ce mec, c’est son ex, et y’a des histoires entre eux. Je sais pas ce qui se passait avant que je me pointe. Mais y’avait cet éclat dans son regard sombre. La terreur. Alors c’est ma conscience qui a parlé pour moi. L’idée que faire une bonne action pourrait me rapprocher de la liberté. Je laisse sa main sur mon bras, même si ce contact me dérange un peu. Et je passe mon bras autour de sa taille, pour donner plus de crédibilité à la mascarade qui vient de s’enclencher. J’essaye d’agir comme si c’était une conquête que j’essayais de séduire. J’apostrophe le type, qui a l’air totalement malsain, presque possédé.
- ¿ Qué quieres ?
L’espagnol, ma langue maternelle, celle qui coule le plus naturellement d’entre mes lèvres. Encore plus facilement quand les mauvais sentiments chauffent mon sang. Le ton acide qui lui éclate au visage, presque une agression. Et je me méfie de lui comme de la peste. Je suis sur mes gardes, le lion prêt à sortir les crocs au moindre geste de travers.2981 12289 0
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Sujet: Re: TRAGIC ENDINGS (carlia) Mer 14 Mar - 17:59
Tragic Endings
Lune impie gouvernant le monde de son halo d’impiété, recouvrant les cieux de cet encre charbonneux, les palpitants de ces ténèbres glacées. Reine des nébuleuses, mais reine de désespoir. Condamnée à voguer dans les cieux lorsque l’astre sacré tire sa révérence. Condamnée à ne pouvoir qu’écouter le déchirant chant du loup, celui même qu’il lui hurle à s’en écorcher l’âme, prouvant dans chacune des notes désaccordées la pureté de son amour damné. Puis lorsque l’aube amène les éclats de diamants sur les fleurs parfumées, lorsque le chant du coq remplace celui du coq, elle se suicide, se laissant tomber derrière l’horizon, laissant son trône au roi soleil. Mais durant chaque nuitées, dans son désespoir la sphère argentée laisse les monstres s’échapper, laisse les créatures infernales déferler sur le monde. Parce que lorsque les étoiles étincelles, lorsqu’elles incendient le ciel, la pureté est maculée, l’immoralité est prête à régner. Ne perdure en cet univers que les fous qui risqueraient à se mêler aux ombres et les cœurs écorchées venu chasser.
Gamine qui n’est que la reine d’ivoire sur l’échiquier, face au fou d’ébène venu tout ravager. Prisonnière derrière ces barreaux empoisonnés, ceux d’une destinée qu’elle observe lui échapper, d’une histoire qu’elle ne peut contempler sans pouvoir la rédiger. Orbes à la teinte de feuilles d’automnes qu’elle glisse dans les prunelles maculées de pêchés de la bête. Et la poupée devient artiste, et sur sa porcelaine elle sculpte ce sourire, qu’elle voudrait doux, qu’elle voudrait pur, qu’elle voudrait tendre, mais que les tremblements ne réussissent qu’à consteller de fausseté. Mauvaise menteuse ne pouvant souffler les tromperies sans que l’acide de sa pénitence ne vienne ronger sa langue. Comme une punition, comme pour lui faire payer l’audace d’avoir oser fabuler.
Et pourtant dans la noirceur de ces temps inconstant, un éclat de désespoir vient décimer l’échiquier, renversant les pièces, envoyant valser reines et rois, cavaliers et pions. Y a ce brun, y a cet inconnu, presque un éclat solaire se glissant entre les nuages pour balayer l’univers de sa lumière. Folle gamine qui ne voit en lui qu’un moyen de s’en sortir, une manière de sauver sa peau, de calmer ses peurs, la frénésie des battements de son cœur. Parce qu’il ne cesse de brûler son carmin, il brûle de terreur. « J’avais perdu mon portefeuille dans l’herbe. » Valse de leurs fausses vérités qui débute, les faux amants entrent dans la danse, en tachant de suivre la cadence. Leurs pas se mêlent dans un rythme qu’ils instaurent, alors que sa main glisse sur le derme de son bras, alors que le faux Roméo entoure la taille de la Juliette d’une soirée. Proximité soudaine qui glace la poupée alors que l’épiderme brûlant du brun ne cesse de frôler le sien. Mais la poupée se concentre, la poupée se doit de mener à bien leur divine comédie. « ¿ Qué quieres ? » Notes brûlantes qui ponctuent la moindre de ses syllabes. Un peu de lave, un peu de cendre, un peu de soleil, énormément de feu. Salamandre ou roi des fauves, peu importe, l’empereur des flammes est sa seule chance. Le chocolat de ses opalescences dissèque doucement l’éclat d’incompréhension qui foudroie celles du fou. « Je parle pas ta langue mon gars. »
Tension qui monte d’un cran alors que le silence s’empare de l’endroit. Elle grimpe si haut qu’elle pourrait caresser les nébuleuses, chatouiller les cieux. Elle est si forte qu’elle pourrait faire taire le hululements des chouettes et terrasser le loup solitaire. Alors dans un murmure la gamine la brise, dans un souffle elle offre ses ultimes paroles à celui s’étant glissé à ses côtés pour la sauver.« Sálvame... » Lippes qu’elle voudrait souriante, comme si elle lui glisser à l’oreille ces mots sucrés, ces paroles parfumés qu’Aphrodite susurre à Arès. Pourtant dans les sonorités de son timbre il n’y a que l’effroi, pourtant dans l’éclat de ces opales il n’y a que l’horreur et un tremblement qui suffit à la perdre.« Eh qu’est-ce qu’elle te raconte ? Qu’est-ce qu’elle dit ? Lui raconte pas des cracks je te préviens ! » Monstre prêt à bondir, monstre devenu menace ultime alors qu’il l’arrache des bras du salvateur pour la secouer avec violence. La porcelaine se fend, elle est strié par la haine de l’attaquant alors que son souffle se coupe, alors que son cœur loupe une palpitation. « Mais lâche moi ! » Poupée qui le repousse malgré ses tremblements, malgré les battements inexistants de son palpitant. « Tu vois c’est une cinglée ! Ta nana était là me chauffer. Tu devrais te méfier vieux, elle en vaut pas la peine. » Poignet de la princesse qu’il conserve dans sa main, poignet de la prisonnière qu’il broie presque. Désormais le fou fait face au roi qui ne connaît jamais l’échec.
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Sujet: Re: TRAGIC ENDINGS (carlia)
TRAGIC ENDINGS (carlia)
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